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Le client attend patiemment à la caisse. Quelques minutes passent. Il finit par jeter un coup d’œil à sa montre mais reporte aussitôt un regard attentif sur les deux mécanos affairés autour de son vélo. Sans nul signe d’exaspération. Devant lui, les gars fixent un siège bébé sur le porte-bagage d’un autre deux roues. Ils ont un handicap et travaillent aux « Petits Vélos de Maurice », dans le 11e arrondissement de Paris, comme réparateurs. Émanation du Centre d’aide par le travail (CAT) Maurice Pilod, les Petits Vélos ne sont pas une « activité » du centre comme les autres. Les « usagers », encadrés par des moniteurs, acquièrent une véritable formation en mécanique et, comme l’explique Cédric, « seuls les plus motivés suivent ce stage ». Les moniteurs confirment : « On ne vend pas du handicap ! Ici c’est un “bouclard” comme les autres. » Traduction : les clients ne savent pas forcément, lorsqu’ils pénètrent dans la boutique ou conduisent leur petite reine à l’atelier, que la commande sera traitée par des personnes handicapées à plus de 70 %. Et d’ailleurs, « on ne considère pas ces personnes comme des handicapés. On adapte le discours mais le contenu reste le même, l’investissement et l’esprit d’équipe ». D’ailleurs, les Petits Vélos engagent leur responsabilité envers leurs clients, particuliers et collectivités, et les marques prestigieuses dont ils ont obtenu la licence de distribution, comme n’importe quel magasin de cycles.
En pratique, les usagers partagent leurs semaines entre la boutique et la mise sous pli ou le conditionnement au CAT et des activités de détente tai-chi ou théâtre. Trente-cinq heures d’activités hebdomadaires rémunérées au SMIC conjointement par l’État, les services décentralisés et la structure accueillante. Handicap et travail ne sont pas du tout incompatibles. Certains usagers ne présentent que « 75 % des capacités d’une personne dite normale, d’autres 20 % », mais le plus important pour faire tourner la boutique, c’est de répartir correctement les tâches en fonction des capacités de chacun…
D’ailleurs, les professionnels du cycle parisien n’hésitent pas à adresser leur clientèle aux Petits Vélos quand ils sont débordés. Autre preuve des capacités des usagers et du professionnalisme de l’équipe : certains usagers ont eu la possibilité de suivre un stage d’observation de quelques jours en milieu classique, l’un dans une grande enseigne de cycles, l’autre dans un petit magasin de quartier. Et, finalement, si le client se montre patient à la caisse, ce n’est pas par compassion envers des réparateurs handicapés. Non, c’est simplement parce que la pratique du vélo rend les cyclistes détendus…
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